Joseph Ged, DG d’Ooredoo : « La réussite des investissements en Algérie est une réalité »
Vous avez annoncé, lundi 22 août, que vous quittez Ooredoo Algérie. Quelles sont les raisons de ce départ ?
J’ai annoncé mon départ du volet opérationnel du poste de Directeur général pour aller prendre un autre rôle chez Ooredoo qui sera annoncé plus tard et ce ne sera pas opérationnel. Cela fait douze ans que je suis chez Nedjma et presque dix ans que j’officie en tant que Directeur général de Nedjma puis Ooredoo Algérie. Aujourd’hui Ooredoo Algérie s’est imposé comme le leader de ce marché, après douze ans de travail. Je pense que c’est le moment d’aller de l’avant.
Savez-vous quelle fonction vous allez occuper ?
Cela sera annoncé plus tard. Faisant suite à ma demande, ce ne sera clairement pas un poste opérationnel mais vous savez bien qu’il y a un rôle opérationnel et relationnel pour toute compagnie.
Vous avez passé douze ans au sein de Ooredoo Algérie, dont dix ans en tant que Directeur général. Comment évaluez-vous votre bilan ?
Le bilan n’est pas seulement financier. Douze ans, c’était presque une vie. C’était un parcours historique, intense, inoubliable, une très belle aventure parce que j’ai assisté au démarrage de cette entreprise, au lancement de la 2G, de la 3G et au lancement pré commercial de la 4G. En 2007, le chiffre d’affaires de Nedjma était de 25 milliards de dinars/an alors que le premier de ce marché avait un chiffre d’affaires annuel qui tournait autour de 122 milliards de dinars/an ; l’écart était abyssal. Au deuxième trimestre de cette année nous avons détrôné notre concurrent historique, avec un chiffre d’affaires de 27,6 milliards de dinars/trimestre. De 2007 à 2016, durant la période où j’ai dirigé Ooredoo Algérie, le chiffre d’affaires a augmenté d’environ 500%. L’écart avec le concurrent historique était de presque 100 milliards de dinars et grâce à notre travail nous l’avons surclassé pour devenir n°1 du marché. Je regarde l’immense chemin parcouru avec fierté, émotion et gratitude pour tous ceux qui nous ont accompagnés et soutenus.
Vous venez donc de passer devant Djezzy en termes de chiffre d’affaires. Est-ce une tendance durable ou conjoncturelle ?
Rien n’est le fruit du hasard. Cela fait plusieurs années, précisément cinq ou six ans, que les taux de croissance de Ooredoo Algérie sont les plus hauts sur ce marché grâce à notre stratégie intelligente, notre agressivité commerciale et nos investissements massifs. Nous poursuivons sur cette lancée pour sécuriser cette position. Je suis confiant dans le fait que cette position sera confortée grâce au travail de nos équipes, à notre stratégie et au lien unique que nous avons su construire avec nos abonnés et avec tous les Algériens. Cela restera des acquis pour Ooredoo Algérie. Vous savez, je suis convaincu que dans leur mémoire collective les Algériens n’oublieront jamais ceux qui étaient à leur côté dans les moments importants et pourquoi ils étaient de leur côté. Cette histoire unique entre Nedjma puis Ooredoo et l’Algérie ne peut être effacée ou réécrite.
Qu’est-ce qui vous a permis de dépasser Djezzy. Est-ce une question d’investissements ?
C’est un tout : en termes de business, d’investissement, de stratégie, de commercialisation, des relations, de valeurs partagées et de courage dans les décisions. Quand nous sommes arrivés sur le marché la minute d’appels était à plus de 20DA ! Il nous a fallu secouer tout ce qui existait pour nous faire une place rapidement et ensuite nous remettre en cause de façon permanente. Mais ce qui est constant,et important pour nous, c’est notre position stable dans l’écosystème. C’est une alchimie très particulière que nous avons su créer et entretenir. Aujourd’hui, je remercie infiniment ceux qui ont contribué à ces exploits et à cette réussite. Il y a les employés de Ooredoo Algérie, nos clients et la glorieuse nation algérienne. Ils nous ont donné une confiance continue et nous ont donné le support nécessaire pour arriver où nous en sommes aujourd’hui. Les valeurs de notre entreprise sont l’humilité, la sincérité, le travail et l’ambition et notre historique nous permet d’entretenir des relations sereines et loyales avec nos partenaires.
Je pense aussi qu’il y a beaucoup de décisions courageuses et avant-gardistes qui ont été prises, notamment le sponsoring de l’équipe nationale et le lancement très agressif de la 3G. Nous avons misé sur le multimédia depuis 2004, c’est dans notre ADN. Les autres ne croyaient pas au marché data en Algérie et ils ont même essayé de retarder le lancement de la 3G afin d’éviter d’investir. Alors que nous, nous étions prêts à investir et à moderniser notre réseau pour permettre aux Algériens d’accéder à de nouveaux produits et services qu’ils attendaient. Notre succès est le résultat de tous ces éléments : croire à ce marché, investir, prendre des risques et construire. Nous avons démontré à tous ceux qui ne le croyaient pas qu’il y a un très grand intérêt du marché algérien pour ce segment et toutes les nouvelles technologies.
Quel est le montant des investissements de Ooredoo Algérie depuis douze ans ?
Depuis les débuts de Nedjma, les investissements ont dépassé les 2,5 milliards de dollars dont 1,5 milliard de dollars en investissements directs étrangers. Il n’y a pas que les investissements dans le réseau. Nous avons énormément investi dans notre capital humain et la compétence de nos équipes est maintenant reconnue au niveau international. Nous sommes très fiers d’être en position de pouvoir exporter notre savoir-faire.
Comment évaluez-vous le marché de la téléphonie mobile en Algérie ?
C’était un marché très dynamique qui ces dernières années avait les taux de croissance les plus élevés de la région. Il y avait une concurrence, et elle continue à être assez rude, entre les trois opérateurs. L’ouverture du secteur en 2001 a été une décision pleine de perspicacité et d’ambition prise au plus haut niveau et a constitué une étape capitale pour le développement des infrastructures de télécommunications dans le pays. La 2G a fait un très grand chemin, aujourd’hui on peut considérer que ce segment est arrivé à maturité. Depuis 2014, la croissance du marché est portée par la data et plus particulièrement la 3G qui a donné un nouveau souffle au marché. On espère que la 4G maintiendra la croissance data à très haut débit. La démocratisation du mobile, qui a été initiée par Nedjma dans le temps et Ooredoo par la suite, la baisse des prix ainsi que les subventions des téléphones ont permis de faciliter la pénétration de la data.
Désormais, le contexte économique est différent de ce qu’il était lors des dernières années. Les taux de croissance seront peut-être plus modérés mais cela nécessite des partenaires, opérateurs et régulateurs d’être plus prudents au niveau de la préservation de ce marché afin de protéger les capacités d’investissements. Si les bonnes décisions sont prises, les télécoms peuvent contribuer fortement à la croissance du PIB et à la diversification de l’économie nationale. Il faut vraiment que les parties présentes sur ce marché soient raisonnables pour préserver les capacités d’investissements et préparer l’avenir.
Quels sont les avantages de la 4G par rapport à la 3G, notamment pour les entreprises ?
La 4G permet une vitesse plus élevée en matière de transmission data comparé à la 3G. Au niveau des services, elle permet la télévision mobile, le streaming et une meilleure communication avec la voix en HD. Dans les différents segments de marché entre mobile et fixe, la 4G avec sa vitesse supérieure est très adaptée pour les environnements ou les segments fixes, soit résidentiel, soit entreprise, et notamment pour le contexte algérien. La 4G va combler un besoin important du côté de l’entreprise parce que celles-ci ont des besoins de connectivité très particuliers qui ne sont pas encore satisfaits. Il faut dire qu’avec le lancement de la 2G et l’ouverture du secteur, la loi de télécom et les décisions du Président de la République d’aller vers l’ouverture de ce secteur, l’Algérie était l’un des premiers pays à avoir trois opérateurs dans toute la région MENA. Il y a eu une explosion exceptionnelle avec la 2G, puis cette dynamique a été ralentie avec le lancement retardé de la 3G. Mais avec le lancement agressif opéré depuis 2014 et le support des autorités algériennes, le ministère et le régulateur, on constate une accélération très importante de la pénétration de l’internet mobile en Algérie. Aujourd’hui, l’arrivée de la 4G est une bonne chose pour être à niveau et même dépasser beaucoup d’autres pays de la région. La 4G va combler et éliminer ce retard et donner une avance à l’Algérie en termes de standards, de technologie et de taux de pénétration des TIC.
Vous déclariez que l’Algérie est un pays stable. Est-ce que vous auriez un message pour les potentiels investisseurs étrangers ?
Notre parcours historique marqué par une immense réussite, et notre passage de la troisième à la première position sur un marché très concurrentiel démontre que la réussite des investisseurs étrangers n’est pas un mythe en Algérie, c’est une réalité. Tout cela a été possible grâce aux employés de Ooredoo, la loyauté de nos clients, l’impartialité des autorités algériennes et évidement le groupe Ooredoo aussi. L’Algérie est un pays stable, accueillant et où la réussite est possible pour les investisseurs sérieux, qui respectent les lois de la République et s’inscrivent dans une perspective au long terme. Je n’ai aucun doute dans le futur de l’Algérie et les grandes réalisations à venir dans le pays.
J’aimerais aussi remercier tous nos amis dans les médias pour leur support depuis douze ans et lors de ces dix ans en tant que Directeur général. Nous avons toujours établi une relation humaine avec les médias et le marché, une relation de confiance et d’Hommes. Nous leur devons une partie de notre réussite. Sachez que l’histoire unique que nous avons écrite ensemble ne s’effacera jamais. Les Algériens pourront toujours me considérer comme un frère, comme l’un des leurs.
Source: TSA-algerie.com
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