CHANGEMENT DE GOUVERNEMENT Règlement de comptes et sanctions politiques


Le remaniement ministériel partiel opéré ce samedi semble plus obéir à une logique de règlement de comptes que procéder d’une volonté de sortie de crise.


Les départs des ministres réclamés par le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Amar Saâdani, ont eu lieu. C’est un fait. Les ministres de l’Agriculture,
Sid-Ahmed Ferroukhi, et le ministre des finances, Abderrahmane Benkhalfa, ont été débarqués, comme l’a souhaité le patron du FLN qui est passé maître dans les augures politiques. Mais, est-ce seulement pour plaire à Saâdani que le remaniement ministériel a été opéré ? Rien ne permet de l’attester.
En revanche, il est aisé d’affirmer qu’il  ne s’inscrit dans aucune perspective d’avenir. Surtout pas dans une logique de sortie de crise.
Au moment où le pays fait face à une situation financière des plus aiguës, le sérail, d’où parviennent les bruits des affrontements claniques, dévoile les petits arrangements qu’il couvait, un remaniement ministériel sans relief ni profondeur. C’est ainsi qu’on a noté la désignation de l’ancien SG du ministère de l’Agriculture du temps de Saïd Barkat et, néanmoins, militant FLN et proche d’Amar Saâdani, à la tête du secteur de l’agriculture. Le destin avait déjà lié les deux hommes lorsqu’avait éclaté le scandale la Générale des concessions agricoles (GCA). Est-ce dans le but de propulser son camarade d’infortune que le secrétaire général du FLN a accusé, au mois de mars dernier, Sid-Ahmed Ferroukhi de gérer son secteur de “manière archaïque” ? Une gestion qu’il disait relever du temps de la “révolution agraire”. Une critique qui paraissait gratuite, tant est que le  bilan du ministre de l’Agriculture sortant n’est pas si négatif qu’Amar Saâdani voudrait le voir.
Il a réussi en quelques mois seulement à exporter de la pomme de terre mais aussi à assurer une disponibilité des fruits et légumes, laquelle à impacté sur la stabilité des prix à la consommation.
Le foncier agricole étant convoité par la prédation, c’est un secret de polichinelle, il est connu de Ferroukhi qu’il est fermement opposé à la dilapidation.
Sid-Ahmed Ferroukhi ne distribue pas le foncier agricole à volonté dans le cadre du processus en cours de privatisation de l’Etat.
Outre Ferroukhi, le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, à qui le même Amar Saâdani reprochait de “donner des directives aux banques plutôt que des orientations”, a fait également ses valises, subissant  le même sort que l’ex-gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, autre cible éliminée. Trop de cibles atteintes pour ne pas penser à une solide appartenance d’Amar Saâdani… au clan. Un clan qui semble ainsi avoir gagné une bataille dans la guerre déclarée au sommet de l’État. La preuve est que ce remaniement ministériel a connu aussi le limogeage du ministre chargé des Relations avec le Parlement, Tahar Khaoua, qui a certainement payé pour son rapprochement avec le frère-ennemi Ahmed Ouyahia, secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND) et, néanmoins, chef de cabinet à la présidence de la République. C’est dire toute l’empreinte du clanisme et du règlement de comptes qui a caractérisé ce remaniement partiel du gouvernement.
Le désormais ex-ministre de l’Énergie, Salah Khebri, a aussi payé, paraît-il, pour son clash avec le P-DG de Sonatrach, Amine Mazouzi, mais aussi avec le P-DG de Sonelgaz, Nourredine Bouterfa, lequel, d’ailleurs, l’a remplacé à la tête de ce département de souveraineté. Un remplacement qui, lui aussi, cache mal les querelles et les tiraillements qui agitent le sérail.

Source: liberte-algerie.com


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