AGENCE NATIONALE DES RESSOURCES HYDRIQUES (ANRH) Nécessité d’une gestion économico-commerciale


L’Agence nationale des ressources hydriques (ANRH) doit impérativement changer de statut pour un fonctionnement efficient et un rendement meilleur. Un diagnostic établi par son directeur général, Karim Hasni, qui a montré les forces à développer de l’institution et ses faiblesses à éliminer. Ce constat a eu pour conclusion, entre autres, la nécessité d’une reconfiguration de l’agence qui fonctionne actuellement en établissement public à caractère administratif.

De par ses missions, ô combien, importantes voire sensibles, dont la gestion quantitative et qualitative de l’eau à l’échelle nationale et sa connaissance parfaite de tous les sols à travers tout le territoire national, l’ANRH doit avoir une vision purement opérationnelle et ne peut être gérée de manière administrative. Véritable poumon du secteur des ressources en eau, cette structure a besoin d’une mise à niveau qui fera évoluer ses compétences et consolider ses atouts. “Le caractère de
sécurité hydrique confiée à l’ANRH implique une gestion économique extrêmement souple qui ne peut pas cohabiter avec une vision strictement administrative”, explique M. Hasni.
D’où la proposition de changer l’actuel statut par la création d’un groupe d’études et d’analyses hydrauliques à l’instar des groupes industriels selon les variantes Epic (établissement public à caractère industriel et commercial) ou SPA (société par actions) filialisés. Sinon, M. Hasni suggère la transformation de la forme juridique de l’agence en Epic. “C’est le volet ‘études’ qui prévaut et se déploie sur plusieurs axes notamment les eaux souterraines, superficielles ainsi que les domaines de l’irrigation et du drainage”, souligne le DG. Pour les domaines agricole et rural, l’ANRH est en compétition non déclarée avec le Bneder (Bureau national d’études pour le développement rural) qui a à son actif 800 études.
L’agence a également un potentiel de nature à développer des synergies dans le domaine des eaux non conventionnelles et de la recherche agronomique telle que le développement des espèces végétales peu consommatrices d’eau. Elle peut être aussi en compétition pour la pédagogie, espace très largement convoité par les entreprises publiques et les bureaux d’études privés. “C’est ce spectre de domaines qu’il faut promouvoir et qu’il faut positionner et implémenter à raison des équipements modernes existants, dans des institutions de référence.
Ce qui, évidemment, suppose la définition de critère quantitatifs et qualitatifs scientifiquement incontestable”, indique Karim Hasni.
Des atouts à faire valoir
C’est cet état des lieux et le besoin d’excellence qui ont conduit le DG à “soumettre des projets de redéploiement organique plus adaptés à une réponse conforme à la demande existante”. Dans l’actuel schéma organisationnel de l’agence, M. Hasni a relevé un “amalgame” entre le mot “planification” et “programmation” dans l’intitulé du département “programmation et informatique”. L’appellation la plus exacte est, selon lui, la planification qui peut cohabiter sémantiquement avec le contrôle de gestion ou contrôle opérationnel. En homme de terrain, Karim Hasni fait remarquer qu’il y a une “duplication du schéma de l’administration centrale consistant à renvoyer à un échelon inférieur les finances et les moyens”. Tout en priorisant le monopole des fonctions techniques, cet organigramme ignore totalement l’audit et le contrôle de gestion.
Ce qui implique l’inexistence d’une quelconque évaluation et, par ricochet, de tout pilotage efficace de performances pré-établies. L’ANRH reste, constate M. Hasni, “indifférente pour les domaines où elle se déploie au marché de l’analyse des eaux, des sols et aux compétiteurs publics et privés qui l’entourent”. Pis, son patrimoine composé de stations, de laboratoires… n’est apparemment pas exploité de manière optimale. Certaines informations que détient l’agence datent du XIXe siècle mais on ne connaît ni leur valeur ni leur degré de fonctionnalité. “À titre d’illustration et pour un chiffre moyen qui coagule les prestations des laboratoires, les notes techniques et les études à hauteur de 50 000 DA, on devrait se situer en terme de recettes à hauteur de 1,750 milliards de DA/an. Ce qui correspond à 5 fois la masse salariale annuelle”, affirme M. Hasni.
Or, le budget affecté à l’agence ne dépasse pas 500 millions de dinars, dont 73% sont destinés aux salaires. Avec cette nouvelle organisation, estime-t-il, l’on peut débureaucratiser les gestions budgétaire et financière, harmoniser et structurer les missions, sécuriser les ressources de financement et promouvoir le développement d’un pôle hydro-agricole. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, faut-il le rappeler, a d’ores et déjà donné son feu vert pour changer le statut de l’ANRH en Epic depuis 2014, mais rien n’a été fait à ce jour.

Source: liberte-algerie.com


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