L’ancien vice-président chargé de l’aval accable l’ex-P-DG Mohamed Meziane


L’audition des témoins dans le procès de l’affaire Sonatrach I s’est poursuivie hier au tribunal criminel d’Alger. Appelé à la barre, l’ancien vice-président chargé de l’activité aval, Abdelhafid Feghouli, a indiqué que c’était le P-DG Mohamed Meziane qui lui avait remis dans un courrier les coordonnées de Mohamed Réda Djaafar Al-Ismaïl, patron de la société Contel Algeria.

Mohamed Meziane, faut-il le rappeler, avait renié ce patron lors de son audition, affirmant qu’il ne le connaissait pas personnellement, qu’il ne l’avait croisé qu’une ou deux fois au passage à l’hôpital pour rendre visite à sa regrettée épouse et qu’il ne serait jamais intervenu pour lui. “Nous prospections à l’époque des entreprises afin de lancer une consultation restreinte pour l’équipement des installations de l’activité aval en systèmes de télésurveillance. Le P-DG m’avait alors indiqué dans un courrier le nom du groupement Contel Funkwerk. Il l’avait mentionné sur un sticker (autocollant ou note collante, ndlr) auquel il avait enjoint la carte de visite de Djaafar Al-Ismaïl. Mais, à aucun moment, je ne me serais douté de quelque chose d’anormal”, a-t-il précisé.
Abdelhafid Feghouli, le plus attendu de tous les témoins dans cette affaire, vu sa position dans la hiérarchie de la compagnie au moment des faits ainsi que la discordance de la procédure qu’il avait mise en œuvre pour la passation des marchés de la télésurveillance avec celle entreprise par son collègue de l’amont, s’est également distingué par son interprétation des dispositions de la directive interne à Sonatrach relative à la passation de marchés. C’était cette lecture qui l’avait prémuni justement de l’inculpation. Il en a fait part hier devant le tribunal criminel en retraçant le processus de passation des marchés de la télésurveillance par ses structures.
“Le ministre avait émis trois instructions portant sécurisation des installations de la compagnie dont la première remonte à janvier 2004. Nous avions d’abord lancé un appel d’offres. Quatre soumissionnaires s’étaient manifestés : Alstom, RPS, Thales et Cegelec. Nous avions choisi la société RPS suivant la règle du ‘moins-disant’. Or, elle n’a pas respecté ses engagements et son contrat a été résilié. Nous avions ensuite procédé par une consultation restreinte après l’amendement de la directive interne à Sonatrach relative à la passation des marchés dite ‘R15’ qui avait introduit le recours à cette procédure en février 2007. Nous avions alors envoyé les cahiers des charges à quatre entreprises : Snef, Contel Funkwerk, Alstom et Cegelec. Mais, pour ne pas tomber dans les mêmes travers qu’avec RPS, nous avions scindé le projet en deux lots, Arzew et Skikda. Nous avions prévu que celui qui décroche les deux lots, toujours suivant la règle du ‘moins-disant’, se désiste impérativement du second lot au profit d’un autre soumissionnaire, à condition que ce dernier s’aligne sur ses prix. La Snef avait ainsi eu les deux lots. Sauf que les autres soumissionnaires, qui avaient présenté des offres trois à quatre fois plus chères que la Snef, avaient refusé de s’aligner sur ses prix. Cela nous avait même surpris et appelé à commanditer un audit pour vérifier si ce n’était pas la Snef qui avait tort à cause de cette différence des prix.”
Mais, quand bien même Abdelhafid Feghouli aurait essayé d’apporter de l’eau au moulin de ses anciens collègues inculpés, expliquant que les installations dépendant de l’activité aval n’étaient pas soumises au même niveau de risque que celles de l’activité amont, il les a enfoncés en soulignant que la publication des avis relatifs à ces marchés au Baosem devait être automatique.
Au juge qui se demandait si les structures de Sonatrach n’étaient pas soumises à la même réglementation, il avait, en tout cas, expliqué que l’urgence ne se manifestait pas de la même manière pour les activités amont et aval et que l’activité aval disposait d’une petite marge de temps par rapport à l’activité amont. “Les structures névralgiques de nos complexes industriels étaient équipées de systèmes de télésurveillance. Il s’agissait pour nous de renforcer ce dispositif déjà opérationnel. D’autant qu’il y a plusieurs niveaux de sécurité. Elles se trouvent dans des zones industrielles sécurisées et proches des villes, ce qui rend l’intervention des services de sécurité plus rapide. Au niveau de l’activité aval, nous n’étions pas obligés de le faire tout de suite. En revanche, les sites dépendant de l’activité amont se trouvent dans des régions isolées. Et cela avait exigé aux collègues de l’amont d’aller plus vite que nous”, a-t-il tenté de convaincre.
Outre Feghouli, il convient de noter le témoignage de l’ancienne directrice des ressources humaines de la compagnie, actuellement à la retraite, Malika Ghenim.
Le tribunal s’est attardé avec elle au sujet de l’évolution professionnelle de Bachir Faouzi, fils cadet de Mohamed Meziane qui travaillait en tant qu’informaticien au sein d’une structure centrale de la compagnie.
Selon ses dires, sa promotion en 2002 à un poste de responsabilité aurait eu l’allure d’une farce. “C’était, à mon avis, une promotion un peu trop rapide. Elle avait été décidée sur proposition de sa responsable hiérarchique. La presse en avait fait l’écho à l’époque et le ministre était intervenu pour le rétrograder”, a-t-elle rappelé.  

Lyas Hallas

Source: liberte-algerie


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